Retraite et Handicap : calculs, aides et droits spécifiques

Nous avions traité dans un article précédent des généralités concernant l’accès à la retraite des personnes en situation de handicap et du rôle particulier de la RQTH. Ce nouveau guide vise à compléter ces informations en approfondissant les aspects financiers et les droits spécifiques susceptible d’avoir un impact sur le montant final de votre pension.
Cet article explore ainsi les points techniques les plus importants : l’arbitrage entre les différents dispositifs de départ, le calcul précis de votre pension (régime de base et complémentaire), ainsi que les aides et majorations qui peuvent s’y ajouter.


 
 

L’arbitrage nécessaire
entre les dispositifs

Un point souvent ignoré, est que la retraite anticipée pour travailleur handicapé (RATH) n’est pas cumulable avec le dispositif de “carrière longue”.

Si vous remplissez les conditions pour les deux, vous devrez faire un choix.

Option 1 : La Retraite Anticipée pour Travailleur Handicapé (RATH)


Avantage : Permet un départ plus précoce, potentiellement dès 55 ans.
Mécanisme : Votre pension est calculée sur une carrière plus courte mais bénéficie d’une majoration spécifique pour compenser l’impact du handicap.
 

Option 2 : La Retraite pour “Carrière Longue”


Avantage : Le montant de base de votre pension sera probablement plus élevé, car calculé sur une carrière plus longue et donc plus de trimestres cotisés.
Inconvénient : Vous ne bénéficierez pas de la majoration pour handicap.
 

Le conseil : Cette décision ne peut pas être prise à la légère. Il est fortement conseillé de demander à vos caisses de retraite des simulations chiffrées pour chaque scénario afin de comparer les montants et de choisir l’option la plus avantageuse pour votre situation personnelle.
 
 

Le calcul de votre pension :
ce que l’on ne vous dit pas toujours

Le calcul de votre retraite se divise en deux parties : le régime de base et les régimes complémentaires.
Leurs règles diffèrent, notamment sur l’application de la majoration pour handicap.
 
 

La pension du régime de base :
la majoration et ses garde-fous

Votre pension de base est calculée à taux plein (50 %), ce qui vous évite toute décote.

Cependant, si votre carrière est incomplète, son montant est proratisé. Pour compenser cela, une majoration est appliquée.

La formule de cette majoration est la suivante :
(Pension calculée / 3) x (Nombre de trimestres cotisés en état de handicap / Nombre total de trimestres d’assurance au régime général)

Cette majoration s’ajoute à votre pension de base.
 
 

Il existe deux “filets de sécurité” importants

Le Plafonnement : Le montant de votre pension, même majorée, ne pourra jamais dépasser ce que vous auriez touché avec une carrière complète.

Le Minimum Contributif (Mico) : Si, malgré tout, votre pension de base est très faible, elle peut être portée au niveau de ce minimum légal, un mécanisme de solidarité nationale.
 
 

Le cas des retraites complémentaires (Agirc-Arrco) : une règle à part

C’est l’information qui manque souvent : les règles pour votre retraite complémentaire sont différentes.

Si vous obtenez votre retraite anticipée au régime de base, votre complémentaire vous sera versée sans aucune décote, même avant l’âge légal.

Attention : Contrairement au régime de base, les régimes complémentaires n’appliquent AUCUNE majoration pour handicap.

Le montant de votre pension complémentaire dépendra donc uniquement du nombre de points que vous avez acquis durant votre carrière. Omettre cette information peut conduire à une surestimation importante de vos futurs revenus.
 
 

Les autres voies d’accès et les aides complémentaires


 

La retraite pour inaptitude :
le relais de la pension d’invalidité

Si vous ne remplissez pas les conditions pour un départ anticipé, la retraite pour inaptitude vous garantit une pension à taux plein dès l’âge légal de départ, qui se situe entre 62 et 64 ans selon votre année de naissance, même avec une carrière incomplète. Cela vous évite ainsi de devoir attendre l’âge du taux plein automatique de 67 ans.

Autre mécanisme : si vous percevez une pension d’invalidité, celle-ci est automatiquement remplacée par une pension de retraite pour inaptitude lorsque vous atteignez cet âge légal de 62-64 ans.
 
 

L’écosystème des allocations : ne négligez pas l’ASI !

Au-delà de l’AAH et de l’ASPA, il existe également l’Allocation Supplémentaire d’Invalidité (ASI).

Cette allocation peut compléter une pension d’invalidité de faible montant avant d’atteindre l’âge de la retraite.
Elle cesse d’être versée à l’âge légal, où l’ASPA peut alors prendre le relais.
 
 

Les majorations familiales : des bonus à ne pas oublier

Votre situation familiale peut aussi augmenter votre pension de base :
– Majoration de 10 % pour avoir eu ou élevé au moins trois enfants.
– Majoration pour conjoint à charge : un dispositif plus ancien mais qui peut encore s’appliquer sous conditions de ressources strictes.
 
 

Une vision à 360° pour une retraite sécurisée

Préparer sa retraite en situation de handicap exige une vision complète.
La majoration n’affecte que votre pension de base, les dispositifs ne sont pas cumulables et des aides spécifiques existent.
Pour sécuriser votre avenir, la démarche est claire : anticipez, conservez tous vos justificatifs et, surtout, exigez des simulations personnalisées de vos caisses de retraite.
 
 
Cyril RABIN,
Rédacteur bénévole FMH.
www.linkedin.com/in/cyrilrabin

 
 

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