L’apprentissage aménagé : un tremplin pour votre avenir professionnel
Un contrat ouvert
à tous les parcours de vie
L’un des grands atouts du contrat d’apprentissage aménagé est son accessibilité. Il n’est pas réservé à un profil unique et s’adapte à différentes étapes de la vie. Il faut savoir, pour bien en mesurer l’avantage, que le contrat d’apprentissage classique s’adresse seulement aux jeunes de 16 à 29 ans révolus.
Le contrat d’apprentissage aménagé, lui, n’est soumis à aucune limite d’âge supérieure pour le signer. Cette spécificité en fait une opportunité formidable, que vous souhaitiez vous reconvertir, monter en compétences pour sécuriser votre emploi, ou si l’évolution de votre état de santé nécessite une nouvelle orientation de carrière. C’est également une solution pour les personnes ayant connu une rupture scolaire ou professionnelle et qui cherchent une voie structurée pour réintégrer le monde du travail.
Pour les plus jeunes, l’accès est aujourd’hui grandement facilité. La condition principale reste d’avoir une Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH).
Cependant, la loi 3DS de février 2022 simplifie considérablement les démarches : si vous avez entre 16 et 20 ans et que vous êtes déjà bénéficiaire de l’AEEH (Allocation d’Éducation de l’Enfant Handicapé), de la PCH (Prestation de Compensation du Handicap) ou que vous disposez d’un PPS (Projet Personnalisé de Scolarisation), l’un de ces titres vaut automatiquement RQTH. Vous n’avez donc pas de démarche supplémentaire à effectuer auprès de la MDPH pour accéder à un contrat d’apprentissage aménagé.
Construire son projet :
les acteurs qui vous accompagnent
Que vous soyez jeune ou adulte, vous n’êtes pas seul pour construire votre projet. Des professionnels sont là pour vous écouter, vous conseiller et vous orienter.
Si vous êtes jeune,
en cours de scolarité ou en sortie de système
Plusieurs interlocuteurs sont à vos côtés. Au sein de votre établissement scolaire, c’est l’enseignant référent qui assure le suivi de votre Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS). Pour réfléchir à votre avenir, le psychologue de l’Éducation Nationale (PsyEN), ou conseiller d’orientation, vous aidera à explorer vos intérêts et à construire un projet de formation.
Enfin, la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH) demeure l’institution centrale pour faire évaluer vos besoins et reconnaître officiellement vos droits.
Si vous êtes adulte,
en recherche d’emploi ou en reconversion
Plusieurs acteurs peuvent vous épauler. Il est cependant indispensable d’être inscrit comme demandeur d’emploi auprès de France Travail (anciennement Pôle emploi) pour accéder à certains dispositifs. Cet opérateur public pourra vous orienter.
Pour un accompagnement plus spécialisé, le réseau Cap Emploi est dédié à l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap et peut vous aider à définir précisément votre projet et à trouver une entreprise.
Si vous êtes déjà salarié et que vous souhaitez changer de métier, le Projet de Transition Professionnelle (PTP) est une solution très efficace, soutenue financièrement par l’Agefiph.
N’oubliez pas que pour toutes ces démarches, vous pouvez trouver une aide de proximité auprès des Maisons France Services, de votre assistant(e) social(e), des antennes locales d’associations telle que la Fédération des Malades et Handicapés, ou des services RH de votre entreprise, qui pourront vous guider dans les formalités administratives.
Des aménagements sur mesure
pour garantir votre réussite
La force du contrat d’apprentissage aménagé réside dans sa capacité d’adaptation. Votre parcours sera sécurisé par des aménagements concrets, tant en centre de formation qu’en entreprise, pour répondre précisément à vos besoins.
Au Centre de Formation d’Apprentis (CFA), le référent handicap est votre contact principal pour coordonner les adaptations. Il ne faut pas hésiter à le solliciter très en amont de la formation.
Les aménagements pédagogiques peuvent prendre de multiples formes. Il peut s’agir d’un temps majoré pour les examens (le “tiers-temps”), de la mise à disposition de supports de cours adaptés (format numérique accessible, transcription en braille, méthode Facile à Lire et à Comprendre – FALC), ou encore d’une aide humaine comme un tuteur, une aide à la prise de notes ou un interprète en Langue des Signes Française (LSF).
Le Centre de Formation d’Apprentis (CFA) peut aussi fournir du matériel spécifique (ordinateur avec logiciels de synthèse vocale, siège ergonomique). Dans les situations où le déplacement est très complexe, la formation peut même, avec l’accord des autorités académiques, être suivie à distance ou par correspondance.
De la même manière, l’entreprise a l’obligation légale d’aménager votre poste de travail.
Votre maître d’apprentissage sera votre interlocuteur pour dialoguer et mettre en place ces adaptations. Cela peut concerner l’ergonomie du poste (adaptation du bureau, de l’outillage, du mobilier), l’installation d’aides techniques comme des logiciels spécifiques ou des périphériques informatiques adaptés, ou encore une organisation du travail repensée avec des horaires aménagés, des missions adaptées, ou la possibilité de télétravail partiel.
Tous ces aménagements sont définis au cas par cas, souvent sur les conseils du médecin du travail, pour que votre environnement professionnel soit un facteur de réussite.
Rémunération et cumul
avec les aides sociales
La rémunération d’un apprenti est calculée en pourcentage du SMIC et dépend de son âge et de son année de formation. Au 01 janvier 2025, le montant du smic mensuel brut s’élève à 1801,80 euros et les niveaux de rémunération du contrat d’apprentissage aménagé en 2025 s’établissent comme suit :
Est-il possible de cumuler
un salaire d’apprenti avec l’AAH ?
Le principe est le suivant : l’AAH est une prestation différentielle, ce qui signifie que son montant diminue lorsque vous percevez des revenus d’activité. Cependant, les règles sont faites pour que travailler soit tout de même avantageux.
Pendant les six premiers mois de votre contrat, vous pouvez cumuler intégralement votre salaire et votre AAH.
Après six mois, un abattement est appliqué sur votre salaire avant le calcul de votre AAH, ce qui vous permet de conserver malgré tout une part de l’allocation. Il faudra vous rapprocher de votre Caisse d’Allocations Familiales (CAF) ou de la MSA pour obtenir une simulation précise en fonction de votre situation, car le calcul peut être complexe.
Concernant la Prestation de Compensation du Handicap (PCH), celle-ci n’étant pas soumise à des conditions de ressources, elle est en principe intégralement cumulable avec votre salaire d’apprenti.
Les aides financières :
un soutien important pour l’employeur
Pour encourager le recrutement, les employeurs qui signent un contrat d’apprentissage aménagé bénéficient d’aides financières conséquentes, qui sont souvent cumulables.
– Une aide de l’État : Pour 2025, une aide de 6 000 € est versée à tout employeur (privé ou public) qui recrute un apprenti en situation de handicap.
– Les aides de l’Agefiph (pour le secteur privé) : Une aide à l’embauche pouvant aller jusqu’à 3 000 €, une aide à l’adaptation de la situation de travail pour financer le matériel, et une aide à l’accueil et à l’intégration pouvant atteindre 3 150 €.
– Les aides du FIPHFP (pour le secteur public) : Prise en charge de la rémunération de l’apprenti (jusqu’à 80 %), financement des frais de formation et des aménagements du poste.
Cet ensemble d’aides rend le recrutement d’un apprenti en situation de handicap financièrement très attractif pour l’employeur.
Bien préparer son projet :
anticiper les réalités du terrain
Se lancer dans un projet d’apprentissage aménagé est une démarche pleine de promesses, mais qui demande une bonne préparation pour mettre toutes les chances de son côté. Il est important d’être conscient que, si les droits sont nationaux, les opportunités et les ressources peuvent varier d’un territoire à l’autre.
Il faut savoir que l’offre de formation et l’accompagnement spécialisé sont souvent plus denses et plus variés à proximité des grandes agglomérations. De plus, tous les Centres de Formation d’Apprentis (CFA) et toutes les filières ne sont pas encore au même niveau d’adaptation. Certains secteurs, comme les métiers du bâtiment par exemple, peuvent présenter des défis particuliers en matière d’accessibilité et nécessitent une réflexion approfondie sur les aménagements possibles.
Il faut aussi noter que l’apprentissage aménagé est une voie de plus en plus choisie.
Entre 2021 et 2022, le nombre de nouveaux apprentis en situation de handicap a augmenté de 21%. Cette dynamique très positive montre l’attractivité du dispositif, mais elle signifie aussi que le nombre de places adaptées, bien que croissant, reste limité face à une demande en très forte hausse. Une bonne anticipation est donc votre meilleur atout.
Cette réalité ne doit pas être un frein, mais plutôt une incitation à bien construire son projet. De nombreuses initiatives locales ou régionales émergent pour faciliter les parcours. On peut citer par exemple la « passerelle handicap école-entreprise » (PH2E) ou la « plateforme d’accompagnement à la formation et à l’insertion professionnelle » (PAFIP), développées par l’Académie d’Aix-Marseille. Ces dispositifs, même s’ils ne sont pas encore généralisés à l’échelle nationale, prouvent qu’il est possible de créer des ponts solides entre l’école, la formation et l’entreprise. Ils renforcent l’importance de se renseigner sur les ressources spécifiques disponibles dans votre région.
Cyril RABIN,
Rédacteur bénévole FMH.